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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 3.djvu/191

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II

John Brown


Cependant une démocratie allait commettre, elle aussi, un crime. La nouvelle de la condamnation de John Brown arriva en Europe. Victor Hugo s’émut. Le 2 décembre 1859, à l’heure même de cet anniversaire qui lui rappelait toutes les formes et toutes les nécessités du devoir, il adressa, par l’intermédiaire de tous les journaux libres de l’Europe, la lettre qu’on va lire à l’Amérique :


Aux États-Unis d’Amérique


Quand on pense aux États-Unis d’Amérique, une figure majestueuse se lève dans l’esprit, Washington.

Or, dans cette patrie de Washington, voici ce qui a lieu en ce moment :

Il y a des esclaves dans les états du sud, ce qui indigne, comme le plus monstrueux des contre-sens, la conscience logique et pure des états du nord. Ces esclaves, ces nègres, un homme blanc, un homme libre, John Brown, a voulu les délivrer. John Brown a voulu commencer l’œuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile, Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement. Les esclaves, énervés par la servitude, n’ont pas répondu à l’appel. L’esclavage produit la surdité de l’âme. John Brown, abandonné, a combattu ; avec une poignée