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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 7.djvu/144

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DEPUIS L’EXIL. — 1880.

irritées ou attendries, et, ce qui dépasse toute éloquence, des femmes qui lèvent les mains au ciel, des mères qui pleurent. (Sensation.)

J’appellerai seulement votre attention sur un fait.

Messieurs, le 14 juillet est la grande fête ; votre vote aujourd’hui touche à cette fête.

Cette fête est une fête populaire ; voyez la joie qui rayonne sur tous les visages, écoutez la rumeur qui sort de toutes les bouches. C’est plus qu’une fête populaire, c’est une fête nationale ; regardez ces bannières, entendez ces acclamations. C’est plus qu’une fête nationale, c’est une fête universelle ; constatez sur tous les fronts, anglais, hongrois, espagnols, italiens, le même enthousiasme ; il n’y a plus d’étrangers.

Messieurs, le 14 juillet, c’est la fête humaine.

Cette gloire est donnée à la France, que la grande fête française, c’est la fête de toutes les nations.

Fête unique.

Ce jour-là, le 14 juillet, au-dessus de l’assemblée nationale, au-dessus de Paris victorieux, s’est dressée, dans un resplendissement suprême, une figure, plus grande que toi, Peuple, plus grande que toi, Patrie, — l’Humanité ! (Applaudissements.)

Oui, la chute de cette Bastille, c’était la chute de toutes les bastilles. L’écroulement de cette citadelle, c’était l’écroulement de toutes les tyrannies, de tous les despotismes, de toutes les oppressions. C’était la délivrance, la mise en lumière, toute la terre tirée de toute la nuit. C’était l’éclosion de l’homme. La destruction de cet édifice du mal, c’était la construction de l’édifice du bien. Ce jour-là, après un long supplice, après tant de siècles de torture, l’immense et vénérable Humanité s’est levée, avec ses chaînes sous ses pieds et sa couronne sur sa tête.

Le 14 juillet a marqué la fin de tous les esclavages. Ce grand effort humain a été un effort divin. Quand on comprendra, pour employer les mots dans leur sens absolu,