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Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/357

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Et il le poussa par les deux épaules devant le poêle.

— Es-tu assez mouillé ! Es-tu assez glacé ! S’il est permis d’entrer ainsi dans les maisons ! Allons, ôte-moi toutes ces pourritures, malfaiteur !

Et, d’une main, avec une brusquerie fébrile, il lui arracha ses haillons qui se déchirèrent en charpie, tandis que, de l’autre main, il décrochait d’un clou une chemise d’homme et une de ces jaquettes de tricot qu’on appelle encore aujourd’hui kiss-my-quick.

— Tiens, voilà des nippes.

Il choisit dans le tas un chiffon de laine et en frotta devant le feu les membres de l’enfant ébloui et défaillant, et qui, en cette minute de nudité chaude, crut voir et toucher le ciel. Les membres frottés, l’homme essuya les pieds.

— Allons, carcasse, tu n’as rien de gelé. J’étais assez bête pour avoir peur qu’il n’eût quelque chose de gelé, les pattes de derrière ou de devant ! Il ne sera pas perclus pour cette fois. Rhabille-toi.

L’enfant endossa la chemise, et l’homme lui passa par dessus la jaquette de tricot.