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Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/98

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basque veut le revoir. C’est la terre bénie. Deux récoltes par an, des villages gais et sonores, une pauvreté altière, tout le dimanche un bruit de guitares, danses, castagnettes, amours, des maisons propres et claires, les cigognes dans les clochers.

Revenons à Portland, âpre montagne de la mer.

La presqu’île de Portland, vue en plan géométral, offre l’aspect d’une tête d’oiseau dont le bec est tourné vers l’océan et l’occiput vers Weymouth ; l’isthme est le cou.

Portland, au grand dommage de sa sauvagerie, existe aujourd’hui pour l’industrie. Les côtes de Portland ont été découvertes par les carriers et les plâtriers vers le milieu du dix-huitième siècle. Depuis cette époque, avec la roche de Portland, on fait du ciment dit romain, exploitation utile qui enrichit le pays et défigure la baie. Il y a deux cents ans, ces côtes étaient ruinées comme une falaise, aujourd’hui elles sont ruinées comme une carrière ; la pioche mord petitement, et le flot grandement ; de là une diminution de beauté. Au gaspillage magnifique de l’océan a succédé la coupe réglée de l’homme. Cette coupe