Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/210

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Entre avec le fracas infâme du tonnerre,
Et se rue et s’abat, monstrueux ennemi,
Sur le pauvre doux être, ange encor endormi !
Qu’est-ce que ce réveil sans nom, et cette tombe
Ouverte par l’orfraie horrible à la colombe !
Ah ! prêtres, qu’a domptés César, vous qu’à leurs plis
Toutes les actions des grands ont assouplis,
Vous qui leur amenez chez eux cette servante,
La prière, et mettez le Te Deum en vente,
Vous qui montrez devant les rois le Tout-Puissant
Agenouillé, lavant les pavés teints de sang,
Vous qui pourtant parfois, fronts chauves, barbes grises,
Avez des tremblements dans vos mornes églises
Et sentez que la tombe est peut-être un cachot,
Prêtres, que pensez-vous qui se passe là-haut,
Dans l’abîme du vrai sans fond, dans le mystère,
Dans le sombre équilibre ignoré, quand la terre
Sinistre, renvoyant l’innocence au ciel bleu,
Jette une petite âme épouvantée à Dieu !