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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/294

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On sent que, dans le monde étrange où nous passons,
Ce nouveau venu, plein de joie et de chansons,
Tel que l’oiseau qui sort de l’œuf et se délivre,
A le mystérieux contentement de vivre ;
Pas d’être éblouissant qui ne soit ébloui,
Il rit. Ses témoins sont du même âge que lui ;
Tous chantent, légers, fiers, laissant flotter les brides ;
C’est Mar, Argyle, Athol, Rothsay, roi des Hébrides,
David, roi de Stirling, Jean, comte de Glascow ;
Ils ont des colliers d’or ou de roses au cou ;
Ainsi se presse, au fond des halliers, sous les aulnes,
Derrière un petit dieu l’essaim des jeunes faunes.
Hurrah ! Cueillir des fleurs ou bien donner leur sang,
Que leur importe ? Autour du comte adolescent,
Page et roi, dont Hébé serait la sœur jumelle,
Un vacarme charmant de panaches se mêle.
Ô jeunes gens, déjà risqués, à peine éclos !
Son cortége le suit jusqu’au seuil du champ-clos.
Puis on le quitte. Il faut qu’il soit seul ; et personne
Ne peut plus l’assister dès que le clairon sonne ;
Quoi qu’il advienne, il est en proie au dur destin.
On lit sur son écu, pur comme le matin,
La devise des rois d’Angus : Christ et Lumière.
La jeunesse toujours arrive la première ;
Il approche, joyeux, fragile, triomphant,
Plume au front ; et le peuple applaudit cet enfant.