Aller au contenu

Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De vagues aboiements sous ma voûte se mêlent ;
Et des voix de passants invisibles s’appellent ;
Et le prêtre, épiant mon redoutable mur,
Croit par moments qu’au fond du sanctuaire obscur,
Assise près d’un chien qui sous ses pieds se couche,
La grande chasseresse, éclatante et farouche,
Songe, ayant dans les yeux la lueur des forêts.
Ô temps, je te défie. Est-ce que tu pourrais
Quelque chose sur moi, l’édifice suprême ?
Un siècle sur un siècle accroît mon diadème ;
J’entends autour de moi les peuples s’écrier :
Tu nous fais admirer et tu nous fais prier ;
Nos fils t’adoreront comme nous t’adorâmes,
Chef-d’œuvre pour les yeux et temple pour les âmes !


II


Une deuxième voix s’éleva ; celle-ci,
Dans l’azur par degrés mollement obscurci,
Parlait non loin d’un fleuve à la farouche plage,
Et cette voix semblait le bruit d’un grand feuillage :