Aller au contenu

Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V


Les nuages erraient dans les souffles des airs,
Et la cinquième voix monta du bord des mers :

— Sostrate Gnidien regardait les étoiles.
De la tente des cieux dorant les larges toiles,
Elles resplendissaient dans le nocturne azur ;
Leur rayonnement calme emplissait l’éther pur
Où le soir le grand char du soleil roule et sombre ;
Elles croisaient, au fond des clairs plafonds de l’ombre
Où le jour met sa pourpre et la nuit ses airains,
Leurs chœurs harmonieux et leurs groupes sereins ;
Le sinistre océan grondait au-dessous d’elles ;
L’onde à coups de nageoire et les vents à coups d’ailes
Luttaient, et l’âpre houle et le rude aquilon
S’attaquaient dans un blême et fauve tourbillon ;
Éole fou prenait aux cheveux Neptune ivre ;
Et c’était la pitié du songeur que de suivre
Les pauvres nautoniers de son œil soucieux ;
Partout piége et naufrage ; il tombait de ces cieux