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Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/299

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À ses pieds son grand aigle ouvrant l’œil à demi,
Et l’on disait : C’est là qu’est César endormi !

Laissant dans la clarté marcher l’immense ville,
Il dormait ; il dormait confiant et tranquille.

VII

Une nuit, — c’est toujours la nuit dans le tombeau, —
Il s’éveilla. Luisant comme un hideux flambeau,
D’étranges visions emplissaient sa paupière ;
Des rires éclataient sous son plafond de pierre ;
Livide, il se dressa ; la vision grandit ;
Ô terreur ! une voix qu’il reconnut lui dit :

— Réveille-toi. Moscou, Waterloo, Sainte-Hélène,
L’exil, les rois geôliers, l’Angleterre hautaine
Sur ton lit accoudée à ton dernier moment,
Sire, cela n’est rien. Voici le châtiment !

La voix alors devint âpre, amère, stridente,
Comme le noir sarcasme et l’ironie ardente ;
C’était le rire amer mordant un demi-dieu.

— Sire ! on t’a retiré de ton Panthéon bleu !
Sire ! on t’a descendu de ta haute colonne !