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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/117

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Philosophiques.

sentes aux sens, ni enregistrées dans la mémoire, sa nature est un objet très-propre à exciter notre curiosité. On ne trouve pas que, ni les anciens, ni les modernes, se soient fort appliqués à cultiver cette branche de la philosophie ; & cela doit rendre d’autant plus excusables les doutes & les erreurs où nous pourrons tomber en travaillant à une tâche aussi importante en nous engageant, sans guide & sans conseil dans des sentiers aussi raboteux. Ces doutes même & ces erreurs peuvent devenir utiles, en servant à rallumer en nous le desir de connoître, & en y détruisant cette sécurité & cette foi implicite, qui sont si funestes au raisonnement & à la liberté de penser. S’il arrive que nous découvrions des défauts dans la philosophie commune, je présume que cette découverte, loin de nous abattre, nous animera plutôt à tenter d’arriver à quelque chose de plus parfait & de plus satisfaisant.

Les raisonnemens que nous formons sur les choses de fait paroissent avoir tous pour fondement la relation qui a lieu entre les causes & les effets. Elle est en effet la seule