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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/131

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Philosophiques.

duit à quelque dilemme dangereux. Voulez-vous prévenir une pareille disgrace ? Soyez modeste dans vos prétentions, découvrez le premier les difficultés que vous prévoyez pouvoir vous être objectées ; on vous tiendra compte de cette ingénuité, & votre ignorance même deviendra une espece de mérite.

Ce que je me propose dans cet essai, ne me coûtera pas de grands efforts ; je ne ferai qu’une réponse négative à la nouvelle question qui vient d’être proposée. Si l’on suppose que l’expérience nous ait actuellement fourni les notions de cause & d’effet ; je nierai encore que les conclusions que nous tirons de cette expérience puissent être fondées sur le raisonnement, ou sur une opération intellectuelle. Je vais tâcher d’expliquer & de défendre ma these.

Il faut convenir, quelqu’envie qu’on eût de le nier, que la nature nous tient dans un grand éloignement de tous ses secrets. Elle nous dérobe constamment toutes ces forces & tous ces principes d’où naît l’influence réciproque des objets, elle ne nous laisse entrevoir qu’un petit nombre des qualités