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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/138

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Essais.

par des probabilités, par des argumens relatifs aux objets existans, c’est évidemment commettre un cercle, c’est poser en fait ce qui est en question.

Dans le vrai, tout argument tiré de l’expérience se fonde sur la similitude que nous découvrons entre les objets naturels : c’est elle qui fait que nous attendons des effets semblables à ceux que nous avons vu résulter de pareils objets. Et quoiqu’on ne puisse, sans renoncer au bon sens, prétendre disputer ce droit à l’expérience, & abandonner ce grand guide de la vie humaine ; on ne sauroit pourtant blâmer la curiosité d’un philosophe, lorsqu’il veut au moins approfondir ce principe qui donne tant de poids à l’expérience, & qui nous fait retirer de si grands avantages de cette similarité que la nature a répandue dans les diverses productions. De la ressemblance des causes nous concluons celle des effets ; c’est-là le sommaire de toutes nos conclusions expérimentales. Or, Si cette conséquence étoit l’ouvrage de la raison, il me semble quelle devroit être tout aussi parfaite la première fois, & dans