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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/159

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Philosophiques.

sinon vous devez avouer que vous croyez sans fondement.

Que conclure donc de tout ceci ? Une chose fort simple, quoique bien éloignée des théories communes. La foi que nous ajoutons aux faits, ou à la réalité des objets existans, dépend entièrement de deux choses ; de la perception d’un objet par les sens ou la mémoire, & de sa liaison habituelle avec d’autres objets. Pour nous exprimer en d’autres termes, quand on a vérifié, par plusieurs exemples, que deux choses de différentes especes, comme la flamme & la chaleur, la neige & le froid, sont constamment jointes ensemble, notre ame contracte la coutume d’attendre du chaud ou du froid, toutes les fois que le sens de la vue est frappé de nouveau par le feu ou par la neige, & de croire que ces qualités se manifesteront à l’approche de ces objets. Cette croyance est un résultat nécessaire des circonstances, où l’ame se trouve placée ; les sentimens d’amour & de haine ne résultent pas plus immanquablement des bienfaits & des injures. Ce sont-là des especes d’instincts naturels, qu’aucune