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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/161

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Philosophiques.


Seconde Partie.


Rien n’est plus libre que l’imagination de l’homme. Il est vrai qu’elle ne sauroit s’écarter de ce fonds d’idées que les sens extérieurs & internes accumulent à son usage ; mais elle dispose de ce fonds, à son gré & sans restriction. Elle mêle, compose, sépare, & divise ; elle varie ses fictions & ses rêveries, comme bon lui semble. Elle peut donc rassembler un corps d’événemens revêtu de toutes les apparences de la réalité, le renfermer dans un tems & dans un lieu définis, & le peindre avec tous les traits qui caractérisent les faits historiques les mieux avérés. Or je demande ; en quoi consiste ici la différence entre l’acte de feindre, & l’acte de croire ? Ce n’est pas simplement dans une idée particuliere qui manque aux fictions, tandis qu’elle se trouve jointe aux récits qui operent la conviction ; car en ce cas, rien n’empêcheroit l’ame, dont la volonté exerce un pouvoir souverain, de réunir cette idée aux fruits de son imagination : & par con-