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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/163

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Philosophiques.

tant de fermeté que nous ne puissions concevoir le contraire, il n’y auroit point de différence entre ce à quoi nous ajoutons foi, & ce que nous rejetions, s’il n’y avoit quelque sentiment qui distinguât l’un de l’autre. En voyant, sur une table unie, une bille se mouvoir vers une autre, je puis aisément concevoir qu’elle s’arrête après l’attouchement ; mais, quoique cette conception n’implique pas ; elle ne me fait pourtant pas sentir ce que je sens en me représentant le choc & le mouvement communiqué par la première bille à la seconde.

Ce seroit entreprendre, sinon l’impossible, au moins une chose bien difficile, que de vouloir donner une définition ou une description de ce sentiment ; il seroit tout aussi aisé de définir la sensation de froid, ou la passion de la colere, à des hommes qui ne les auroient jamais éprouvées. Le vrai & propre nom de ce sentiment, c’est celui de croyance. Personne ne peut hésiter sur le sens de ce terme ; parce que tout le monde éprouve, à chaque moment, ce qu’il représente. Essayons cependant de décrire ce sentiment,