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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/186

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Essais.

tion, l’objet présent aux sens se laisse concevoir avec clarté & netteté. Il n’en est pas de même des sentimens plus subtils de notre ame, des opérations de l’entendement, & des diverses passions : ces choses-là sont toutes distinctes entr’elles, mais leurs différences échappent aisément à la réflexion ; & il n’est pas en notre pouvoir de nous retracer l’objet auquel elles doivent leur origine, toutes les fois que nous les contemplons. Peu-à-peu l’ambiguité se glisse dans nos raisonnemens, les objets ressemblans sont pris pour les même : & à la fin, un intervalle immense sépare les prémisses de la conclusion,

Cependant, à considérer ces deux sciences dans tout leur jour, on peut avancer hardiment que leurs avantages leurs désavantages, compensés les uns par les autres, les réduisent, ou peu s’en faut, à un état d’égalité. Si l’esprit retient, avec plus de facilité, les idées claires & déterminées de la géométrie ; il ne peut saisir les vérités plus abstruses de cette science, sans suivre une chaîne plus longue & plus compliquée de raisonnemens, & sans rapprocher des