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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/191

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Philosophiques.

C’est en vain que nous promenons nos regards sur les objets qui nous environnent, pour en considérer les opérations ; nous n’en sommes pas plus en état de découvrir ce pouvoir, cette liaison nécessaire, cette qualité qui unit l’effet à la cause, & rend l’une de ces choses la suite infaillible de l’autre : nous voyons quelles se suivent ; & c’est tout ce que nous voyons. Une bille frappe une autre bille, celle-ci se meut : les sens extérieurs ne nous apprennent rien de plus. D’un autre côté, cette succession d’objets n’affecte l’ame d’aucun sentiment, d’aucune impression interne. Donc il n’y a point de cas où la causalité puisse nous instruire sur l’idée de pouvoir, ou de liaison nécessaire.

À la première vue d’un objet, nous ne saurions deviner l’effet qui en doit résulter; cependant, si notre esprit découvroit le pouvoir & l’énergie des causes, nous devrions non seulement le deviner, mais le prévoir sans expérience même, par la seule force du raisonnement, & prononcer là-dessus avec certitude.