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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/193

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Philosophiques.

de corps qui montre un pareil pouvoir, d’où l’on puisse former l’archétype de cette idée[1]. Après avoir vu que les actions des objets extérieurs qui frappent les sens, ne nous donnent point cette idée, examinons maintenant si elle nous peut venir en refléchissant sur les opérations de l’ame, & si elle peut être copiée de quelque impression interne ? On alléguera que nous sentons, à chaque instant, un pouvoir au dedans de nous ; puisque nous nous sentons capables de mouvoir les organes de corps, & de diriger les facultés de l’esprit par un simple acte de la volonté. Il ne faut, dira-t-on, qu’une volition pour remuer nos membres, ou pour exciter une nouvelle idée dans l’imagination ; une conscience intime nous atteste

  1. M. Locke dit, dans son chapitre du pouvoir, que nous parvenons à cette idée, en remarquant qu’il se fait de nouvelles productions dans la matière, & en concluant de-là qu’il faut quelque chose qui soit capable de les opérer. Mais, ce philosophe avoue lui-même que les idées neuves, originelles & simples, ne sauroient nous venir par le raisonnement : il se trompe donc sur l’origine de celle-ci. Note de l’Auteur.