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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/204

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Essais.

nutrition qui nous approprie les alimens : dans tous ces cas-là, ils sont persuadés qu’ils apperçoivent la force même par laquelle les causes entraînent leurs effets : & ils supposent que les actions de ces causes sont immanquables. Une longue habitude leur ayant donné ce tour d’esprit, l’apparition d’une cause leur fait attendre aussi-tôt, avec assurance, l’événement qui marche d’ordinaire à sa suite ; & on auroit bien de la peine à leur faire concevoir qu’un autre en pût résulter. Il n’y a que des phénomènes peu communs, tels qu’un tremblement de terre, une perte, ou quelque prodige qui puissent les déconcerter, ce n’est qu’alors qu’ils se trouvent embarrassés à assigner des causes convenables aux effets, & à expliquer la maniere dont ceux-ci se sont produits. Or, que sont-ils pour se tirer d’embarras ? Ils ont recours à quelque intelligence invisible[1], qui intervient comme cause immédiate de l’événement qui les étonne, & qu’ils croient inex-

  1. Quasi Deus ex machina, Cicero de Naturà Deorum. Note de l’Auteur.