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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/225

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Philosophiques.

arrive. Une controverse dure depuis longtems sans être décidée ; cette seule circonstance fait déjà présumer qu’il y a de l’ambiguité dans les expressions, & que les antagonistes n’attachent pas les mêmes idées aux mêmes termes. À moins que de poser en fait que la nature a façonné tous les esprits sur le même modèle, & leur a donné des facultés toutes semblables ; rien de plus frivole que nos disputes, de vive voix ou par écrit. Mais, cela étant, il seroit absolument impossible qu’avec les mêmes idées jointes aux mêmes termes, on nourrît, pendant si long-tems, des opinions si différentes sur le même sujet, spécialement lorsqu’on se communique ses vues, & que chaque parti cherche par tout des argumens propres à lui assurer la victoire. Quand les philosophes entament des questions qui sont hors de la portée humaine, comme sont, par exemple, celle de l’origine du monde, celle de l’économie du systême intellectuel, & de la région des esprits ; on ne s’étonne pas de les voir battre la campagne, & se perdre en dissensions stériles, sans jamais arriver à rien de certain. Mais, lorsque