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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/243

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Philosophiques.

roit-elle une science, si les loix & les formes de gouvernement n’avoient une influence régulière & uniforme sur la société ? Où prendroit-on les fondemens de la morale, si certains sentimens n’étoient pas constamment affectés à certains caracteres & si ces sentimens n’avoient pas des effets déterminés sur notre conduite ? Sous quel prétexte enfin exercerions-nous notre critique sur un morceau de poésie ou de belles-lettres, si nous ne pouvions affirmer que les sentimens & les rôles des personnages y sont bien ou mal exprimés & conduits, convenables ou non aux caracteres & aux circonstances ? Il paroît donc, généralement parlant, qu’il ne peur y avoir, ni science, ni action, sans présupposer la doctrine de la nécessité, & sans reconnoître la force de cet argument qui conclut des motifs aux actes de la volonté, & de caractere à la conduite.

Quand nous considérons en effet avec quel accord l’évidence naturelle & l’évidence morale se joignent, pour ne former qu’une même chaîne d’argumens, nous convien-