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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/246

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Essais.

vue de l’un à la supposition de l’autre. Mais, quoique l’aveu de notre ignorance soit le dernier résultat d’un examen approfondi de cette matière, il reste pourtant aux hommes une extrême pente à se croire capable de pénétrer plus avant dans les puissances de la nature corporelle, & d’appercevoir entre les causes & les effets un je ne sais quoi, qu’ils transforment en connexion nécessaire. Lorsque, après cela, réfléchissant sur les opérations de leur entendement, ils ne sentent rien de pareil entre les motifs & les actions, ils sont portés à supposer que les effets des forces brutes de la matiere, different, à cet égard, de ceux qui naissent de l’intelligence. & de la pensée. Étant donc une fois bien convaincus que toutes nos connoissances en fait de causalité, de quelque genre qu’elle soit, se réduisent à la conjonction, constante & à l’induction[1] qui s’y fonde, & voyant

  1. Cela est vrai quant à le certitude qui naît de l’induction ; mais cela ne prouve pas que les déterminations qui fondent l’inducton dans les cas moraux, soient les mêmes & de même genre que celles sur lesquelles repose l’induction physique. Or, c’est ce que M. Hume suppose