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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/281

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Philosophiques.

qu’elles ont toujours expérimentées dans les cas semblables.

En second lieu, il est impossible que cette induction soit fondée sur une chaîne de raisonnemens, par lesquels la bête concluroit que des événemens semblables doivent se trouver à la suite d’objets semblables, & que la marche de la nature demeure toujours régulière à cet égard. S’il y avoit, en effet, de tels argumens, ils seroient trop abstrus pour des intelligences aussi imparfaites ; & ce ne seroit pas trop de tous les soins & de toute l’attention d’un génie philosophe, pour les découvrir. Ces inductions des animaux ne sont donc pas le fruit de raisonnement : celles des enfans ne le sont pas davantage, & l’on peut y comprendre celles qui regardent les actions & les conclusions ordinaires du gros des hommes : enfin, celles des philosophes eux-mêmes sont de même ordre ; ils sont peuple dans la vie active, & se conduisent par des maximes populaires. Il falloit que la nature ménageât un autre principe, d’un usage plus prompt, & d’une application plus générale. L’induction des causes aux effets