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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/369

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Philosophiques.

la nature. Il n’importe ici que ce raisonnement soit juste ou non ; son influence sur la vie humaine demeure toujours la même, Ceux qui s’efforcent de désabuser le genre humain de ces sortes de préjugés, sont peut-être de bons raisonneurs ; mais, je ne saurois les reconnoître pour bons citoyens, ni pour bons politiques ; puisqu’ils affranchissent les hommes d’un des freins de leurs passions, & qu’ils rendent l’infraction des loix de l’équité & de la société plus aisée & plus sûre à cet égard[1].

Après tout, je pourrois peut-être adopter votre conclusion générale en faveur de la liberté de penser, mais sur des prémisses différentes des vôtres. Je pense que l’état doit tolérer tous les principes de philosophie ; puisqu’il n’y a aucun exemple que les intérêts politiques du gouvernement aient souf-

  1. Proprio gladio se jugulat. Que tous les incrédules du monde, que tous ceux qui élevent aux nues cette précieuse liberté de penser, dont ils font un usage si pernicieux, répondent à ce raisonnement, ou qu’ils renoncent à la qualité de bons citoyens. Note de l’Éditeur.