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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/371

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Philosophiques.

puisse y avoir une cause d’une nature si singuliere & si unique, quelle n’admette aucune cause parallele, & n’ait aucun rapport, aucune ressemblance avec les autres objets qui s’offrent à notre considération. Nous ne saurions inférer un objet de l’autre qu’après avoir remarqué une liaison constante entre leurs especes : & si l’on nous présentoit un effet entiérement unique, qui ne pût être compris sous aucune espece connue ; je ne vois pas que nous puissions former aucune induction ni conjecture sur sa cause. Si l’expérience, l’observation & l’analogie, sont en effet nos seuls guides raisonnables dans ces sortes d’inductions ; il faut que l’effet & la cause, tout ensemble, ressemblent à d’autres effets & d’autres causes, qui nous soient connus, & que nous ayions trouvés fréquemment unis. Je vous laisse à réfléchir sur ce principe, & à en suivre les conséquences ; je ne ferai que toucher une observation. C’est que les antagonistes d’Épicure supposent partout que l’univers est un effet tout-à-fait isolé, unique dans son espece, & qui n’a rien de parallele : après quoi ils en font la preuve