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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/418

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Les quatre.

mes passions. Mais c’est inutilement que je mettrois toutes mes facultés à la torture pour trouver des charmes, & sur-tout pour goûter des délices, dans la vue & dans la possession d’un objet que la nature n’a pas créé propre à faire sur mes organes des impressions agréables, à les ébranler d’une maniere ravissante. À force de me tourmenter par de semblables essais, j’arriverai bien à la douleur ; mais, pour le plaisir, j’ai beau y tendre, jamais je ne me le donnerai, en dépit de la nature.

Ah ! loin de nous ces étranges rêveries, ces jouissances intérieures, ces festins intellectuels, cette volupté pure d’une conscience satisfaite d’elle-même au souvenir de ses bonnes actions ! Loin d’ici ce mépris insensé & impossible de toutes les choses sensibles, de tous les objets extérieurs ! Ce n’est pas ainsi que parle la nature ; je ne reconnois d’autre langage ici que celui de L’orgueil. Encore serions-nous trop heureux, si cet orgueil avoit quelque appui, fût-il de la plus mince consistance ; s’il étoit en état de nous procurer le moindre de tous