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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/425

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Philosophes.

Ne craignez point, chers amis, que nos fêtes se changent en orgies, que la fureur des bacchanales vienne les troubler, & que les horreurs de la discorde, renversant cette table, arrêtent les libations que nous offrons à Bacchus, pour y faite succéder des ruisseaux de sang. Ne voyez-vous pas les paisibles muses qui nous environnent ? N’entendez-vous pas leur douce symphonie, capable d’adoucir les tigres & les lions des sauvages déserts ? Ne sentez-vous pas une joie céleste se répandre dans vos cœurs ? Cette retraite ne cessera jamais d’être le séjour de la paix, de l’harmonie, & de la concorde ? Le silence qui y regne ne sera jamais interrompu que par les doux accens de nos concerts, ou par les discours charmans que l’amitié nous inspire.

Qu’entends-je ? L’aimable Damon, ce favori des muses, prend sa lyre, il la touche, il en marie les sons harmonieux à sa touchante voix, & fait passer jusqu’au fond de nos âmes l’heureuse ivresse à laquelle il est livré.

Écoutons ce qu’il chante.