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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/441

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Philosophes.

s’échappe de nos filets ; ne devroit-on pas trouver infiniment plus de plaisir à cultiver son esprit, à modérer ses penchans, à éclairer son entendement, à embellir l’intérieur, à sentir qu’on devient chaque jour meilleur & plus sage. Sortez de votre léthargie ; la tâche n’est pas difficile ; il n’y a qu’à goûter une fois la satisfaction que procure un travail honnête. Il ne faut pas beaucoup d’étude pour connoître le juste prix des différens genres de vie ; il n’y a qu’à comparer l’esprit au corps, la vertu aux richesses, la gloire à la volupté. Cette comparaison mettra dans tout leur jour les avantages d’une vie laborieuse : elle vous apprendra quels sont les objets que vous devez rechercher.

Ce n’est pas sur des lits de roses qu’habite le repos : ce n’est ni dans la saveur des fruits ni dans les fumées de vin, que vous trouverez le vrai plaisir. Votre indolence même deviendra une fatigue, & la volupté se changera en dégoût. Tant que votre ame demeure dans l’inaction, tout vous paroîtra fade & insipide. Tôt ou tard, votre corps, en proie aux humeurs malignes que vous amassez, se