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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/56

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Essais.

ment, il recherche & il évite les objets conformément à leur valeur apparente, & au point de vue sous lequel ils sont placés à son égard. Ce qu’il y a de plus estimable, & de plus aimable, c’est la vertu ; aussi les Philosophes dont nous parlons, pour la peindre des plus belles couleurs, empruntent tous les charmes de la belle poésie & de l’éloquence. Ils ornent leur sujet de toutes les grâces propres à flatter notre imagination & à exciter notre amour. Tirant leurs observations de la vie commune, dont ils choisissent les cas les plus frappans, ils font contraster avec art les caracteres opposés : & après nous avoir mis dans les sentiers de la vertu par la gloire & le bonheur qu’ils offrent en perspective, ils y dirigent nos pas par les préceptes les plus sains & par les exemples les plus sublimes. Mettant dans tout son jour la différence qui est entre le vice & la vertu, ils font naître & reglent tout à la fois nos sentimens ; car, pourvu qu’ils gravent dans nos cœurs l’amour de la probité & du véritable honneur, ils sont parvenus au but où ils tendoient.