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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/64

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Essais.

être nous conformer en ceci à l’opinion du grand nombre, & laisser chacun suivre en liberté son goût & son sentiment propre ; mais, comme souvent on pousse les choses trop loin, & qu’on va jusqu’à proscrire entièrement les raisonnemens abstraits, & cette étude qu’on appelle la métaphysique, nous allons voir ce qui peut raisonnablement être dit en sa faveur.

Commençons par observer un avantage considérable qui résulte de la philosophie précise & abstraite ; c’est le service qu’elle rend à la philosophie commune, qui, sans elle, ne sauroit atteindre à un degré suffisant d’exactitude, ni dans ses préceptes, ni dans ses raisonnemens, ni dans les sentimens qui en résultent. Les belles-lettres n’étant que le tableau de la vie humaine sous diverses faces & dans diverses situations, elles produisent les idées différentes de louange ou de blâme, elles excitent les divers sentimens d’admiration ou de dérision, selon les qualités des objets quelles exposent à notre vue. Celui qui travaille, sur ces objets est d’autant plus assuré de réussir, qu’à un goût délicat, & à une imagination vive, il joint une connoissance