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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/66

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Essais.

qui intéressent le plus la vie humaine, & qui demandent le plus d’activité ; c’est que plus on y met de cet esprit d’exactitude, plus aussi on les perfectionne, les rend utiles au bien public. Que le philosophe choisisse la retraite & renonce aux emplois civils, je le veux ; mais l’esprit philosophique, dès qu’une fois il est cultivé par un certain nombre de personnes, ne s’en répand pas moins par degrés sur toute la société, & n’en fait pas moins sentir son influence dans tous les arts & dans tous les états. Dès-lors, la politique subdivife plus subtilement & balance plus judicieusement les forces dont elle fait son objet : l’homme de loi raisonne avec plus de méthode & sur des principes plus solides : le général fait mieux observer la discipline militaire, devient plus circonspect dans ses plans & dans ses opérations. Si l’on compare les états modernes aux anciens par rapport à la consistance, & la philosophie moderne à l’ancienne par rapport à l’exactitude, on trouve des progrès semblables de part & d’autre ; & il est à présumer que les choses iront en croissant par des gradations proportionnelles.