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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/69

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Philosophiques.

sous ses attaques ; & combien n’y en a-t-il point de fous & de lâches qui ouvrent eux-mêmes les portes à l’ennemi, & le reçoivent avec autant de respect & de soumission que s’il étoit leur légitime souverain.

Mais est-ce là une bonne raison pour détourner les philosophes de ces recherches ? Et faut-il laisser la superstition dans la jouissance tranquille de son usurpation ? Un homme raisonnable n’en tirera-t-il pas une conclusion directement opposée ? Ne sentira-t-il pas la nécessité de porter la guerre jusques dans les recoins les plus cachés où se retranche cette impérieuse ennemie ? En vain espérerions-nous que les hommes, rebutés par la fréquence des mauvais succés, abandonnassent ces sciences creuses, & découvrissent, à la fin, l’enceinte où leur raison doit se tenir renfermée ; outre que plusieurs d’entr’eux trouvent leur intérêts à rebattre sans cesse ces lieux communs, il ne paroît pas raisonnable non plus de sacrifier l’étude des sciences à un aveugle désespoir. Quoique toutes les tentatives ayent échoué jusqu’ici, on se flatte toujours que