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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/88

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Essais.

devraient nous les faire connoître n’ont jamais été introduites en nous, ni par le senttiment, ni par la sensation actuelle, qui sont les seuls moyens propres à faire paître une idée.

Il y a cependant un phénomène contraire à notre thefe, & qui pourroit prouver qu’il n’est pas absolument impossible aux idées de dévancer les impressions qui y correspondent. On accordera, je crois aisément que les idées des diverses couleurs, que nous acquérons par la vue, different les unes des autres à certains égards, quoiqu’elles se ressemblent à d’autres ; & qu’il en est de même que des sons que nous connoissons par les organes de l’ouïe. Mais si cela est vrai des différentes couleurs, il le doit être aussi des diverses nuances de la même couleur ; je veux dire, que chaque nuance produira son idée distincte & indépendante des autres. Si on le nioit, il faudroit admettre que, par une gradation continuelle de nuances, on pût changer insensiblement chaque couleur en toute autre couleur, en celle même dont elle approcheront le moins ; puisque