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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/124

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Histoire naturelle.

plongés dans l’ignorance & la barbarie, comme sont les habitans de l’Afrique, ceux des Indes, ceux même du Japon, incapables d’étendre les notions qu’ils se forment d’un pouvoir intelligent, adorent un être qui de leur propre aveu est cruel, mal-faisant, & détestable, il est cependant à croire qu’ils se gardent bien de dire tout-haut ce qu’ils en pensent & sur-tout de le dire dans son temple, où il pourroit les entendre.

Tous les idolâtres ont gardé, pendant long-tems, des notions aussi viles & aussi abjectes ; & il est certain que les Grecs eux-mêmes ne s’en sont jamais entiérement défaits. Xénophon observe à l’honneur de Socrate qu’il a toujours rejetté l’opinion vulgaire, qui borne la connoissance des dieux à certains objets, &, par rapport aux autres, les laisse dans une parfaite ignorance : selon ce philosophe, les dieux connoissoient parfaitement toutes nos actions, toutes nos paroles, & toutes nos pensées[1], mais cette philosophie, étant de beaucoup trop haute

  1. Mem. lib. I.