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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/162

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Examen.

pourtant un certain degré de perfectibilité, mais qui par lui-même ne sauroit se développer, ou dont le développement naturel ne seroit que fort tardif, fort casuel, & fort incertain. Est-il à présumer que Dieu laissera ce germe étouffé, ou pour toujours, ou du moins pendant une longue succession de siecles, au bout desquels cet être n’en seroit encore qu’à ses rudimens ; puis plongé, pour le moins aussi long-tems, dans la barbarie, & dans la superstition la plus grossiere, ne s’en débarrasseroit à la fin qu’avec beaucoup de peine, & très-imparfaitement ? Si la destination visible de l’homme est de connoître & d’aimer l’auteur de son existence, sera-t-il exposé à manquer cette destination, à ressembler aux animaux brutes, ou à croupir éternellement dans l’ignorance & dans l’erreur ?

On m’accordera, sans doute, qu’il est infiniment plus probable que Dieu fournisse à l’homme des moyens propres à le conduire au but de son existence : il pourra le faire de deux manieres. Ou il placera les premiers hommes dans des circonstances favorables,