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Histoire naturelle.

& les sciences, cela ne lui prouve encore ni que ces peuples soient théïstes, ni qu'ils ne le soient pas, quoique l’un soit déjà plus probable que l’autre ; mais enfin il n’en sauroit prononcer avec certitude, avant d’avoir pris des informations plus particulières. Si, au contraire, ce voyageur trouve la contrée habitée par une nation ignorante & barbare, il peut s’assurer d’avance que c’est une nation idolâtre ; & il ne seroit gueres possible qu’il s’y trompât.

Pour peu que l’on médite sur les progrès naturels de nos connoissances, on sera persuadé que la multitude ignorante devoit se former d’abord des idées bien basses & bien grossieres d’un pouvoir supérieur. Comment veut-on qu’elle se soit élevée, tout d’un coup, à la notion de l’Être tout-parfait, qui a mis de l’ordre & de la régularité dans toutes les parties de la nature ? Croira-t-on que les hommes se soient représenté la Divinité comme un esprit pur, comme un Être tout-sage, tout-puissant, immense avant de se la représenter comme un pouvoir borné, avec des passions, des appétits, des organes