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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/29

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De La Religion.

de résolution, ce qui ne pourroit arriver que par impuissance ou par légéreté. Chaque peuple a sa divinité tutélaire : chaque élément est gouverné par un maître invisible : les dieux ont partagé l’empire du monde, chacun a son propre domaine, & le même dieu ne suit pas toujours la même conduite : un jour il vous protége, l’autre il vous abandonne : ses faveurs sa haine dépendent de prières & de sacrifices, de rites & de cérémonies bien ou mal administrées. C’est de-là que viennent tous les biens & tous les maux entre lesquels nous voyons flotter la vie humaine.

Concluons-en qu’aucune des nations idolâtres n’a puisé ses premieres idées religieuses dans le spectacle de la nature. L’intérêt que les hommes prennent aux divers événemens de la vie, les espérances & les craintes dont sans celle ils sont agités, voilà la vraie source de ces religions. Aussi voyons-nous que les Idolâtres ont de tous tems eu soin de distinguer les différentes fonctions de leurs divinités, & qu’ils se sont adressés, selon les occasions, à celle qui présidoit aux choses