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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/39

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visibles, l’espérance, la crainte, la reconnoissance, la tristesse. Cependant, si nous fondons nos cœurs, si nous observons ce qui se passe autour de nous ; il se trouvera que les passions tristes nous font plus souvent fléchir les genoux que les passions agréables. Nous recevons communément la prospérité, comme une chose qui nous est duc, & sans nous informer d’où elle vient : elle nous remplit de joie, d’allégresse & d’activité : elle rehausse les plaisirs sensuels, elle augmente les agrémens de la société, elle en rend la jouissance plus vive. Dans cet état, notre ame n’a ni le loisir ni l’envie de se transporter dans les régions du monde invisible ; au-lieu que le moindre désastre nous alarme, & nous fait penser aux causes dont il peut tirer son origine : la crainte de l’avenir nous saisit : notre esprit se livre à la défiance & aux frayeurs, il s’abîme dans la mélancolie, il a recours à tous les moyens qu’il croit propres à appaiser ce pouvoir mystérieux, dont il s’imagine que sa destinée dépend.

L’avantage que nous pouvons retirer des afflictions, est le lieu commun le plus rebattu