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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/78

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Histoire naturelle.

trie & le polythéïsme, aussi bien que la religion, tirent leur origine.

Mais ce même desir inquiet du bonheur qui fait naître la premiere idée que nous avons des intelligences invisibles ne permet pas aux hommes de s’arrêter long-tems à la conception simple qui représente ces êtres comme limités quoique puissans, comme esclaves de la destinée & du cours immuable de la nature, quoique maître de notre sort. À force de respects & d’éloges exagérés, cette idée s’aggrandit, & poussée jusqu’au plus haut période de la perfection, elle enfante les attributs d’unité, d’infinité, de simplicité & de spiritualité. Des dogmes aussi rafinés n’étant pas trop à la portée commune, ils ne sauroient garder long-tems leur pureté primitive : il faut les étayer de la notion de médiateurs & d’agens subalternes, qui remplissent, en quelque façon, l’espace qui est entre les hommes & l’être suprême. Ces êtres mitoyens, espece de demi-dieux, qui tiennent plus de la nature humaine que de la nature divine, & dont l’idée nous est