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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/101

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de Morale.

Ils ne sauroient même passer les uns devant les autres sans observer des regles ; les charretiers, les cochers, les postillons ont leurs principes pour se ranger & faire place ; leurs loix sont principalement fondées sur l’aisance & la commodité mutuelle. Quelquefois aussi elles sont arbitraires, ou du moins elles dépendent de même qu’une infinité d’autres raisonnemens des jurisconsultes, d’une espèce d’induction capricieuse & bizarre[1].

Si nous allons plus loin, nous pouvons observer qu’il n’est pas possible aux hommes même de s’assassiner les uns les autres sans regles, sans maximes, & sans une certaine

  1. Les loix de la commodité veulent que la voiture la moins chargée cede à celle qui l’est d’avantage, & entre les voitures de la même espece, que celle qui est vuide cede à celle qui a du monde ; celles qui vont à la capitale ont le pas sur celles qui en sortent, & cela paroît fondé sur le rang qu’occupe une grande ville, & par la préférence que l’avenir doit avoir sur le passé. Par la même raison, entre gens qui vont à pied, la main droite donne à un homme la prérogative de se ranger du côté du mur, & prévient chez nous les disputes & les coups de poings dont les gens tranquilles ne s’accommodent gueres.