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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/142

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Essais

d’approbation, excités par les qualités de l’esprit, de quelque nature qu’elles soient, se ressemblent presque tous ; en second lieu que tous les anciens moralistes, qui sont nos meilleurs guides, n’y ont trouvé que peu ou point de différence.

Premiérement il est à observer que le sentiment qu’on a de son propre mérite, ou la satisfaction qui résulte de l’examen de notre propre conduite, & qui quoique le plus ordinaire de tous n’a point de nom dans notre langue[1], est fondé sur des qualités telLes que le courage, la capacité, l’industrie & la probité aussi-bien que sur un grand nombre d’autres perfections de notre ame. D’un autre côté n’est-on pas toujours mortifié en

  1. Le mot orgueil se prend communément en mauvaise part, cependant ce sentiment en lui-même paroît indifférent & peut être bon ou mauvais, suivant qu’il est bien ou mal dirigé, & suivant les circonstances qui l’accompagnent. Les François rendent ce mot par amour-propre ; mais comme ils emploient le même mot pour exprimer l’amour de soi-même aussi-bien que la vanité, il en résulte une grande confusion de termes dans la Rochefoucault & dans plusieurs de leurs moralistes.