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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/188

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Essais

est immédiatement agréable à celui qui les possede, mais les autres sont bientôt atteints par le même sentiment, comme par l'effet d'une contagion ou d’une sympathie naturelle, & comme nous ne pouvons nous empêcher d'aimer tout ce qui nous plaît, il s'élève en nous un mouvement favorable pour la personne qui nous fait éprouver tant de plaisir ; le spectacle de son humeur enjouée nous anime, sa présence répand sur nous la joie & la sérénité, notre imagination captivée par ses sentiments & par son caractère, est remuée d'une façon plus agréable que lorsqu'une personne mélancolique, grave & soucieuse se présente à nos regards. De-là naît l’affection que l'on porte à l'homme gai, l’aversion & le dégoût avec lesquels nous voyons l'homme triste[1].

  1. Il n’y a personne qui dans de certaines occasions ne soit obsédé de passions désagréables, telles que la crainte, la colère, l'abbattement, la douleur, l'inquiétude, &c. mais comme elles sont passageres & quelquefois universelles elles ne mettent point de différence entre un homme & un autre, & ne peuvent par conséquent être un objet d’aversion.