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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/238

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Essais

mération seroit trop longue, peut-on douter, dis-je, que le but où tendent ces vertus, c’est-à-dire l’avantage & l’intérêt de celui qui les possede, ne soit l’unique fondement de leur mérite ? Qui est-ce qui pourra nier qu’une ame, qui se maintient dans une sérénité constante, qui jouit d’une gaîté inaltérable, qui conserve toujours sa dignité & & noblesse, qui répand des marques de sa bienfaisance sur tout ce qui l’environne, ne présente un spectacle plus agréable & plus touchant, qu’une ame abattue par la mélancolie, agitée par des inquiétudes, enflammée par la colere, ou qui languit par l’avilissement ? À l’égard des qualités agréables aux autres, elles parlent pour elles-mêmes, & il faut être bien malheureusement né pour n’avoir jamais été frappé des charmes de l’enjouement, de l’affabilité, de la modestie délicate, & des manieres prévenantes.

Je sens qu’il n’y a rien de moins philosophique que d’insister d’un ton dogmatique sur un sujet, je sais que même le scepticisme le plus outré n’est pas plus propre à détruire les raisons les mieux établies, Je suis con-