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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/284

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Essais

les vexations, les torts, les maux, qui résultent de leur violation pour chaque individu, entrent pour beaucoup dans l’opinion

    pliquée qu’en recourant à des rapports ou à des connexions qui sont dans l’imagination.
    La propriété des rivières appartient suivant les loix de la plupart des nations, à ceux qui en possèdent les bords, on en excepte cependant les grandes rivières telles que le Rhin ou le Danube, qui paroissent être trop considérables pour pouvoir être jointes par accession à la propriété des terres qui les bordent. Cependant ces rivières mêmes sont regardées comme propres aux nations dont elles arrosent le territoire, parce qu’une nation entiere présente une idée assez grande pour y correspondre, & pour fonder la notion d’un tel rapport.
    Les accessions qui arrivent à un terrein qui est sur le bord d’une riviere, appartiennent à ce terrein, suivant les loix civiles, pourvu qu’elles se soient faites par ce que l’on nomme alluvion, c’est-à-dire peu-à-peu & imperceptiblement ; circonstances qui aident l’imagination à lier les objets.
    Lorsqu’une grande portion de terrein est arrachée subitement d’un des bords, & portée à un autre, elle n’appartient point à celui qui est propriétaire du terrein qui vient d’être accrû, jusqu’à ce qu’elle fasse corps avec ce terrein, & jusqu’à ce que les arbres y aient poussé des racines, avant cela l’imagination ne peut point encore les joindre suffisamment.
    En un mot il faut distinguer entre la nécessité de la distinction & de la perpétuité des possessions des hommes,