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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/305

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Dialogue.

que les Athéniens étoient la nation la plus spirituelle & la plus civilisée qui fût au monde, cependant leur homme de mérite seroit un objet d’horreur & d’exécration dans le siecle où nous vivons. Il n’est pas douteux que les François ne soient pareillement une nation très-spirituelle & très-civilisée, cependant leur homme de mérite eût passé à Athenes pour un objet très-méprisable, très-ridicule & même très-odieux. Ce qui est encore plus extraordinaire, c’est que les caracteres de ces deux peuples passent pour se ressembler plus que ceux d’aucune autre nation ancienne ou moderne ; & tandis que les Anglois se flattent de ressembler aux Romains, leurs voisins de continent se mettent en parallele avec ces Grecs si policés. Quelle prodigieuse différence doit-il donc se trouver entre des nations civilisées & des peuples barbares, ou entre des nations dont les mœurs n’ont presque rien de commun ? Comment établir une regle sûre qui fixe nos jugemens à cet égard ?

C’est en remontant plus haut, lui répliquai-je, c’est en examinant les premieres