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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/324

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Dialogue.

soutenoit la mortalité de l’ame : il paroît avoir eu des sentimens très-impies sur la providence. Pascal étoit l’esclave des préjugés & des superstitions les plus ridicules ; un mépris souverain pour cette vie, comparée avec celle de l’autre monde, étoit la base de sa conduite.

Tel est le contraste entre ces deux hommes ; cependant l’un & l’autre ont été universellement admirés dans des siecles différens : on les a proposés comme des modeles à imiter. Où est donc ce type universel de la morale dont vous parlez ? Et quelle regle prendrons-nous pour établir les sentimens différens & contradictoires des hommes ?

Une expérience, lui dis-je, qui réussit à l’air libre ne réussit pas toujours dans le vuide. Lorsque les hommes s’éloignent des maximes de la raison, pour embrasser ce que vous appeliez une vie artificielle, personne ne peut répondre de ce qui leur plaira ou de ce qui leur déplaira ; ils sont dans un autre élément que le reste des hommes. Les ressorts naturels de leur esprit n’agissent