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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/79

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de Morale.

chissant sur les qualités & sur les rapports de toutes ces choses on n’y découvre rien qui puisse exciter plutôt l’affection que l’antipathie, plutôt la vénération que l’horreur quel produisent tour à tour chez des peuples différens. Un Syrien eût mieux aimé périr de faim que de manger un pigeon ; un Égyptien n’eût jamais voulu s’approcher d’un morceau de lard. Mais lorsqu’on se sert des sens de la vue, de l’odorat & du goût pour s’assurer de la nature de ces alimens, ou qu’on se met à les examiner suivant les principes de chymie, de médecine & de physique, on ne trouve aucune différence entre cette espece de nourriture & beaucoup d’autres, & on ne pourra jamais indiquer au juste une circonstance qui puisse autoriser cette absurdité religieuse ; on ne découvrira point de raison pour manger une fricassée de poulets le jeudy sans remords, & regarder comme une chose abominable d’y toucher le lendemain ; on ne sentira point pourquoi dans une maison, ou dans un diocèse il peut être permis de manger des œufs en carême, tandis qu’à deux pas de-là on n’en sauroit