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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/82

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Essais

ciété et pour le bien-être des hommes. Si nous faisions abstraction de cette circonstance trop frappante pour être oubliée, il faudroit convenir que les égards que l’on a pour le droit & la propriété, n’ont pas plus de fondement dans la raison que les superstitions les plus ridicules & les plus grossiere. Si le bonheur de la société n’y étoit point intéressé, il ne seroit pas plus aisé de concevoir comment un autre homme, en articulant quelques sons qui renferment un consentement, peut changer la nature de mes actions relativement à un objet particulier, que de comprendre comment un prêtre, en récitant un morceau de sa liturgie, dans un certain habillement & dans une certaine posture, a le pouvoir de dédier un tas de briques & de bois de charpente & de le rendre sacré pour jamais[1].

  1. Il est évident que la volonté ou le consentement seul ne suffisent point pour transférer le droit de la propriété, & ne sauroient produire l’obligation d’une promesse, il faut de plus que la volonté soit exprimée par des paroles ou par des signes, pour que l’acte deviennent obligatoire. La parole ayant été introduite pour exprimer notre volonté, elle de-