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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/104

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ENQUÊTE

somme quatre vers de six syllabes, deux non rimés, et deux rimes ou assonnants, ils étaient très facultativement soudés par le sens. Ronsard et Malherbe remforcèrent cette soudure, Corneille la maintint, Boileau la relâcha et Racine aussi, sauf dans les Plaideurs. Nous trouvons Chénier, que son génie fit retourner au vers de Malherbe et même de Ronsard. Puis, par étapes (Lamartine, de Vigny), nous arrivons à l’alexandrin de Victor Hugo. Pour qui sait sentir le rythme, la beauté de cet alexandrin s’obtient par une sorte de lutte entre la césure matérielle et le sens grammatical de la phrase. Les nombreux rejets, tant blâmés alors, complètent cette beauté. Il est vrai que la plupart des Parnassiens reviennent à un alexandrin plus strictement césure selon le sens de la phrase, ce que je ne blâme pas, à un certain point de vue. Mais il est vrai aussi qu’un dissident du Parnasse, Paul Verlaine, fut conduit par la force inexplicable mais logique en elle-même, qui mène tout ici-bas, à briser l’alexandrin en morceaux, comme ceci ou comme cela, selon l’heur du concept poétique. Paul Verlaine a respecté toutefois le nombre syllabique de douze. Respect illusoire, car, à la vérité, un alexandrin non fixement césure n’est qu’un octosyllabe allongé, les syllabes muettes prenant une valeur relative. Suite de cela : un lacis de vers inégaux déterminant leur réciproque quantité syllabique pour constituer la strophe. C’est autant l’intuition de ce principe qu’un instinct