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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/171

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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

nion de cuivre. Allons à l’alliage ! L’étincelle jaillit du baiser des pôles contraires.

Dans la religion poétique, l’âme est une harpiste dont la harpe est le corps : harpe à cinq cordes. Pincez une seule corde, vous avez la voix dans le désert égoïste et partial : pincez les cinq, voici l’expansive charité, voici la symphonie.

Ah ! si nous vivions dans la zone métaphysique de l’Absence, j’admettrais le mépris des Cérébraux pour les Choses et pour notre carcasse, mais nous sommes exilés dans la Babylone du Sensible et nos harpes sont parmi les saules.

Le poète se peut donc comparer, organiquement parlant, à une harpe supérieure s’adressant aux harpes moindres des peuples. Les vibrations de celle-là doivent éoliennement vitaliser celles-ci.

— Les cinq cordes de la harpe ?

— Nos cinq sens… qui traquent, capturent, puis officieusement naturalisent, accessibilisentle suprême gibier dérobé par l’esprit. Oui, la Poésie, synthèse des arts divers, est à la fois saveur, parfum, son, lumière, forme. Son œuvre prismatique (aux cinq facettes, sapide-odorante-sonore-visible-tangible) est le domaine où l’âme règne sur une mosaïque formelle et gouverne au milieu d’une orchestration foncière. Il en résulte un art attique amplifié : l’idée enchâssée dans un quintuple climat. Le subjectif dans l’objectif. Art parfait, où, par un voisinage étrange, semble